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Sur scène, un échafaudage plante le décor de la grande scène du Théâtre de Gennevilliers. Des bâches voilent volontairement l’accès au regard à certains endroits. La lumière brasille. Un bruit sourd tout juste audible en fond sonore se fait déjà l’écho de cette dramaturgie antique dont l’angoisse qu’elle suscite s’amplifiera durant les deux heures de spectacle.
Sur les marches de la plate-forme, le roi de Mycènes, Agamemnon, soucieux, s’entretient avec Arcas, son domestique. Les bateaux de l’armée sont à quai depuis trop longtemps. Les vents ne soufflent plus. Il est impossible dans ces conditions de se rendre à Troie pour y faire la guerre. Les oracles exigent le sacrifice de sa fille Iphigénie pour sortir de cette situation. Par orgueil et ambition de pouvoir, il y a consenti. Il est parvenu à la faire venir à Aulis sous prétexte de la marier avec Achille. Pris de remords, il donne pour mission à Arcas d’aller au devant de la reine, Clytemnestre, et de lui remettre une lettre prétextant qu’Achille veut repousser les noces. Mais Arcas se perd dans les bois. Heureuses, elles arrivent toutes deux, suivies d’Eriphile, amie de la princesse qui a été enlevée quelques temps auparavant par Achille. Iphigénie s’étonne de la froideur de son père. Elle ne tardera pas à découvrir le lourd secret qui le pèse. Clytemnestre par instinct maternel se révolte et torture la conscience d’Agamemnon. Achille, le cœur brisé par la nouvelle, s’empresse d’apporter à la reine son appui. Eriphile, amoureuse secrètement d’Achille, savoure quant à elle les évènements. Elle voit une conjecture de se débarrasser de sa rivale. Mais ne défie pas le sort qui veut…
Difficile de ressentir l’univers racinien aux premiers alexandrins clamés : le ton est monocorde et les acteurs, habillés en XXIe, paraissent presque vidés de leur personnage. Il faut faire un effort d’imagination pour se transporter en Grèce. Les longs blancs entre les répliques interrogent. Faut-il y lire un mauvais présage des dieux pour le reste du spectacle ? Eh bien non. L’énergie surgit à l’arrivée de Elsa Agnès (Iphigénie), Bénédicte Cerutti (Eriphile) et Anne-Lise Heimburger (Clytemnestre). Un trio fulgurant : la tessiture de la voix et la diction de Bénédicte Cerutti portent le texte avec brio ; on voit Iphigénie à travers Elsa Agnès ; et, Anne-Lise Heimburger crie merveilleusement la souffrance de Clytemnestre.
Le jeu de tous les acteurs monte en puissance plus le sablier du temps s’écoule. La passion est à son comble. La musique sourde du premier acte gronde au cinquième. Les lumières clignotantes ont fait place à pléthore de petites lumières qui s’affolent. La mort a sonné le glas. L’oracle s’est produit.
Carole Rampal
Du 18 au 22 février
Lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h
Texte : Jean Racine
Mise en scène : Chloé Dabert
Scénographie : Pierre Nouvel
Lumière : Kelig Le Bras
Son : Lucas Lelièvre
Avec :
Yann Boudaud (Agamemnon, roi de Mycènes), Bénédicte Cerutti (Eriphile, amie d’Iphigénie fille de Hélène et de Thésée), Elsa Agnès (Iphigénie, fille d’Agamemnon, fiancée d’Achille), Anne-Lise Heimburger (Clytemnestre, femme d’Agamemnon), Olivier Dupuy (Arcas, domestique d’Agamemnon), Sébastien Eveno (Achille, fiancé d’Iphigénie), Julien Honoré (Ulysse, allié d’Agamemnon), Arthur Verret (Doris, confident d’Ériphile)
T2G – Théâtre de Gennevilliers
41 avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers, Standard 01 41 32 26 10
www.theatre2gennevilliers.com
Navettes retour vers Paris
Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.