“Michel for ever”, Théâtre de Poche- Montparnasse

 

Si vous aimez l’éternelle musique de Michel Legrand, si vous aimez l’ambiance des clubs new-yorkais, si vous aimez le théâtre, l’hommage à ce compositeur de génie, Michel for ever, est fait pour vous.

Dans la petite salle du Poche Montparnasse, le public est accueilli par deux musiciens, un pianiste et un contrebassiste qui vont durant l’installation des spectateurs évoquer une ambiance de club de jazz. 

Celle-ci étant installée, surgissent quatre comédiens, deux filles et deux garçons qui, sous un prétexte joyeux de découvrir le talent éclectique de Michel Legrand, vont parcourir les grands standards de son œuvre. 

Ces quatre-là savent tout faire et nous emmènent dans un tourbillon où chacun dans la salle retrouve émotions et souvenirs. Ils savent tout faire, ils dansent, ils chantent et même font des claquettes.

On sort de ce spectacle avec un grand sourire et le plein d’énergie.

Non, Michel Legrand n’est pas mort ! Il ne mourra jamais. Il est devenu Michel Legrand for ever.

Petit désagrément toutefois, je n’ai pas bien compris pourquoi un des couples de comédiens attendait le public à la sortie de la salle pour distribuer des tracts promotionnels. Cette action désenchante cruellement le délicieux moment passé en compagnie de ses artistes magiques et talentueux.

Scribo

Du mardi au samedi 21 h 15, dimanche 17 h 30

Théâtre de Poche-Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse
75006 Paris
01 45 à 44 50 21
theatredepoche-montparnasse.com

 Conçu et mis en scène par Stéphan Druet et Daphné Tesson
Musiques de Michel Legrand
Avec : Gaétan Borg ou Vincent Escure, Sébastiàn Galeota ou Julien Alluguette, Emmanuelle Goizé ou Vanessa Cailhol, Mathilde Hennekinne ou Léovanie Raud, Benoît de Mesmay ou Joël Bouquet, Jean-Luc Arramy ou Jean-Pierre Rebillard.

“Les Émigrés” de Slawomir Mrozek, au Théâtre Les Déchargeurs

LES EMIGREScrédit photos : Pascal Gély

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Ils viennent de là-bas…

Dans le sous-sol d’un immeuble parisien, l’un des deux se souvient de tout : de son pays mais aussi de sa matinée qu’il se plaît à remémorer. Assis sur une chaise, il tire une cigarette qu’il vient de quémander, il frotte ses mains pour les réchauffer, il revoit la gare centrale qu’il a traversée, la jolie jeune femme qui aurait voulu de lui ; il a faim et a dévoré toutes ses boîtes de conserve. Il se plaint.

Cela en est assez pour son compagnon, qui couché sur sa paillasse, aveuglé par une ampoule trop forte, ne parvient pas à cheminer sa pensée à travers ses lectures et se lasse d’écouter ses fadaises. Dans un sursaut, il se redresse, et d’une hauteur de 1,85 m, il fait face à son compatriote, un grand paysan râblé, venu chercher fortune sur les chantiers grâce à ses gros bras musclés qu’ils prêtent généreusement. Avec sa verve d’intellectuel, il tente de le convaincre qu’il n’est qu’un esclave du système matérialiste et un égoïste qui se repose sur lui, aussi pour régler le logement.

Mais lui, qui est-il ? Pourquoi avoir émigré ? Qu’a-t-il fui avec ses livres sous le bras ? Pourquoi continue-t-il de l’aider ?

Dans une liberté qu’ils s’imaginent tous deux, le jour de la Saint-Sylvestre, ils affronteront leur vision du monde, de la vie, de leur vie. Ils s’affronteront avec férocité, sincérité, affection, étourdis par l’alcool, par la fête du quartier qui résonne à leurs oreilles, privés à certains moments d’électricité, tapis dans l’obscurité de l’espace qui les étouffe, liés par leurs conditions.

Une pièce profonde de Slawomir Mrozek, interprétée par un duo de comédiens doués – Grigori Manoukov et Mirza Halilovic. Pendant une heure et demie, on sera là avec eux, dans le sous-sol, loin des clichés… touchés.

Carole Rampal

Texte : d’après le roman Les Émigrés de Slawomir Mrozek,
traduit par Gariel Meretik
Mise en scène : Imer Kutllovci assisté de Ridvan Mjaku
Avec Mirza Halilovic, Grigori Manoukov

Théâtre Les Déchargeurs
https://www.lesdechargeurs.fr/
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris

“Les Swinging Poules” au Théâtre Essaïon

 

Swinging Poules - Chansons Synchronise-es 2

Les Swinging Poules, telles les Andrew Sisters, est un trio de gallinacées sexy, dotées d’un organe vocal à toutes épreuves, flirtant avec le jazz, l’opéra et l’opérette sur des chansons des années 50 ou 60, signées Francis Blanche, Jean Yanne ou Léo Lelièvre, empruntées au répertoire des Parisiennes, d’Annie Cordy ou Henri Salvador… On découvre aussi des perles de paroliers moins connus comme Raymond Vincy (librettiste de Francis Lopez) ou des standards de comédies musicales adaptés en français et librement détournés avec humour et légèreté par Flannan Obé, leur metteur en scène. Elles dressent le portrait de petites femmes courageuses, toujours promptes à se rebeller contre le mâle dominant, mais aussi à le séduire plutôt deux fois qu’une, même si le flop n’est pas loin… Les chorégraphies façon natation “désynchronisée” jouent le décalage et la chute ; le pianiste, charmeur mais intraitable, tente de canaliser les débordements et tout finit par un air de swing, forcément.

Allez applaudir ces poules frondeuses, elles ont du talent et un rire communicatif !

Florence Violet

 

-SwingingPoules-WEBAvec Florence Andrieu,
Charlotte Baillot,
Caroline Montier

Au piano : Philippe Brocard
Mise en scène : Flannan Obé
Arrangements : Swinging Poules, Emmanuel Martin
Lumières : Stéphane Balny
Costumes : Jef Castaing

Du 28 août 2019 au 6 janvier 2020
Du 28 août au 21 novembre :
les mercredis à 21h et jeudis à 21h30

Du 25 novembre au 6 janvier :
les lundis et mardis à 21h

Relâches les 10, 17 et 24 et 31 décembre

Théâtre Essaïon
https://www.essaion-theatre.com/
6 rue Pierre-au-Lard
75004 Paris

 

 

“J’ai envie de toi”, au Théâtre Fontaine

J'aienvie de toi

 

Ce spectacle a suscité l’enthousiasme de Scribo et moi.
Une fois n’est pas coutume. Et cela peut nous donner aussi des idées pour de futures chroniques, nous avons choisi de vous livrer notre avis en regards croisés.

 

Le regard de Scribo

Il faut une sacrée dose d’humour à Sébastien Castro, et l’envie de bousculer les codes de la comédie, pour avoir écrit cette pièce de boulevard très moderne dont les dialogues et les situations hilarantes, d’une efficacité redoutable, font mouche à chaque réplique.

Posons le décor

Ne vous trompez pas de destinataires en envoyant un texto, le résultat pourrait être catastrophique.
C’est pourtant ce qui arrive à Guillaume (Guillaume Clérice) qui envoie un message coquin à son ex un peu collante (Anne-Sophie Germanaz), au lieu de l’envoyer à sa nouvelle conquête (Astrid Roos) fraîchement rencontrée sur le Net, qu’il ne connaît pas encore.
Affublé d’un voisin barré, Youssouf, joué par Sébastien Castro himself, qui détruit une cloison reliant leurs deux appartements pour récupérer un placard, ce bourreau des cœurs va tout faire pour se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis, quitte à y associer cette nounou de personnes âgées un peu encombrant, gaffeur et maladroit.
Si vous rajoutez à ce tableau une vieille dame en fauteuil roulant et sa fille (Maud Le Guénégal) qui fait garder sa vieille maman par Youssouf, ainsi que le petit ami jaloux (Alexandre Jérôme) de l’ex de Guillaume – dont les tics de langage n’ont rien à envier au comique de répétition -, vous passerez une soirée entre quiproquos et catastrophes évitées de justesses, tout ceci dans une bonne humeur et une énergie communicatives.
Le décor est ingénieux car il permet de voir les deux appartements simultanément, et la mise en scène rythmée de José Paul porte les acteurs et les spectateurs du début à la fin.

Invitez-vous chez ces deux voisins déjantés pour une folle soirée de fous rires et de bonne humeur.

Scribo

 

JEDT-20190830_SPECTACLE-8crédit photo Clément Sautet Puppets

Le regard de Carole

20/20, dès la rentrée, pour « J’ai envie de toi » au Théâtre Fontaine

Un véritable Feydeau à la moderne ! Un texto envoyé par erreur n’aurait pas entraîner dans une situation loufoque deux voisins de palier si l’un d’entre eux n’avait pas abattu lui volontairement la cloison de la porte de placard qui relie leurs deux appartements.

Dans ce joli décor bien construit et signé Jean-Michel Adam vont défiler Maud Le Guenedal, Guillaume Clerice, Anne-Sophie Germanaz, Astrid Roos, Alexandre Jerome, et bien sûr Sébastien Castro, également auteur de la pièce. Pour son premier vaudeville, écrit dans un humour tout en finesse, les autres comédiens seront à son diapason et se glissent avec brio dans la peau de leur personnage : les réparties sont justes, bien orchestrées sous la houlette du metteur en scène José Paul.

Elles se succèdent tambour battant : comiques de situation, quiproquos, tout est là pour générer le rire qui fuse dès la première minute jusqu’à la dernière.

À noter que Sébastien Castro n’en ait pas à son premier coup d’essai (Prix Raimu de la Révélation Théâtrale, nommé au Molière 2019…).

Pour continuer de se régénérer après les vacances…

Carole Rampal

 

Du jeudi 29 août 2019 au dimanche 5 janvier 2020
Du mardi au vendredi 21h, le samedi 16h30 et 21h et le dimanche 16h

Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
https://www.theatrefontaine.com/spectacles/jai-envie-de-toi

Une pièce de Sébastien Castro
Mise en scène José Paul assisté de Guillaume Rubeaud
Décors Jean-Michel Adam
Costumes Juliette Chanaud
Lumières Laurent Béal
Sons Virgile Hilaire

“La Légende de Bornéo”, au Théâtre de l’Atelier

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“Commentvivreauquotidienquandletravailnousbouffeetsubmergelecoupleetlafamille
s’ensortirquandonesthorscircuitrêverets’extraireduréelquandoncraque…”  ?

C’est un peu ça La Légende de Bornéo, le trop-plein qui se déverse quand la machine se détraque, façon Charlot dans Les Temps modernes, quand le burn-out déclenche la logorrhée ou une danse épileptique, quand le management s’immisce dans le couple et réveille le singe en rut, quand les valeurs s’affrontent et révèlent les non-dits…

Dans ce spectacle façon ring de boxe, les comédiens du collectif L’Avantage du Doute sont au bord du plateau, prêts à intervenir, à coacher l’autre et les scènes s’enchaînent comme autant de constats du dérèglement intime face à la pression sociale.

Pas vraiment un théâtre “engagé” ou alors par la bande, car il met en scène avec humour l’irruption du travail dans la sphère privée, mais aussi la fragilité, l’évitement, toutes les ruses du quotidien pour faire semblant de rien, pour s’abstraire sans pour autant militer (avec Walt Whitman comme remède infaillible !)…

De fausses impros, mais une vraie complicité (merveilleux Simon !) et des comédiens tous acrobates du décalage, en solo (séquence Pôle emploi) ou en duo (le couple qui danse, la séance d’épilation) et une accroche immédiate avec le public.

La fin abrupte est un peu déroutante (“Ah bon, c’est fini ?”), comme un point de suspension pour un prochain opus ?

Sur scène (au Théâtre de l’Atelier, du 19 mars au 4 mai, à 19 heures du mardi au samedi/17 heures le dimanche) mais aussi au cinéma, à l’affiche actuellement, vous pouvez retrouver tous les acteurs du collectif L’Avantage du Doute* dans le film de Judith Davis Tout ce qu’il me reste de la révolution (un film inspiré de leurs spectacles).

Florence Violet

* Avec à la conception, l’écriture et l’interprétation :
Simon Bakhouche, Mélanie Bestel, Judith Davis, Claire Dumas et Nadir Legrand.


Théâtre de l’Atelier

http://www.theatre-atelier.com/
Place Charles-Dullin
75018 Paris

 

 

 

“Iphigénie” de Racine au Théâtre de Gennevilliers

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Sur scène, un échafaudage plante le décor de la grande scène du Théâtre de Gennevilliers. Des bâches voilent volontairement l’accès au regard à certains endroits. La lumière brasille. Un bruit sourd tout juste audible en fond sonore se fait déjà l’écho de cette dramaturgie antique dont l’angoisse qu’elle suscite s’amplifiera durant les deux heures de spectacle.

Sur les marches de la plate-forme, le roi de Mycènes, Agamemnon, soucieux, s’entretient avec Arcas, son domestique. Les bateaux de l’armée sont à quai depuis trop longtemps. Les vents ne soufflent plus. Il est impossible dans ces conditions de se rendre à Troie pour y faire la guerre. Les oracles exigent le sacrifice de sa fille Iphigénie pour sortir de cette situation. Par orgueil et ambition de pouvoir, il y a consenti. Il est parvenu à la faire venir à Aulis sous prétexte de la marier avec Achille. Pris de remords, il donne pour mission à Arcas d’aller au devant de la reine, Clytemnestre, et de lui remettre une lettre prétextant qu’Achille veut repousser les noces. Mais Arcas se perd dans les bois. Heureuses, elles arrivent toutes deux, suivies d’Eriphile, amie de la princesse qui a été enlevée quelques temps auparavant par Achille. Iphigénie s’étonne de la froideur de son père. Elle ne tardera pas à découvrir le lourd secret qui le pèse. Clytemnestre par instinct maternel se révolte et torture la conscience d’Agamemnon. Achille, le cœur brisé par la nouvelle, s’empresse d’apporter à la reine son appui. Eriphile, amoureuse secrètement d’Achille, savoure quant à elle les évènements. Elle voit une conjecture de se débarrasser de sa rivale. Mais ne défie pas le sort qui veut…

Difficile de ressentir l’univers racinien aux premiers alexandrins clamés : le ton est monocorde et les acteurs, habillés en XXIe, paraissent presque vidés de leur personnage. Il faut faire un effort d’imagination pour se transporter en Grèce. Les longs blancs entre les répliques interrogent. Faut-il y lire un mauvais présage des dieux pour le reste du spectacle ? Eh bien non. L’énergie surgit à l’arrivée de Elsa Agnès (Iphigénie), Bénédicte Cerutti (Eriphile) et Anne-Lise Heimburger (Clytemnestre). Un trio fulgurant : la tessiture de la voix et la diction de Bénédicte Cerutti portent le texte avec brio ; on voit Iphigénie à travers Elsa Agnès ; et, Anne-Lise Heimburger crie merveilleusement la souffrance de Clytemnestre.
Le jeu de tous les acteurs monte en puissance plus le sablier du temps s’écoule. La passion est à son comble. La musique sourde du premier acte gronde au cinquième. Les lumières clignotantes ont fait place à pléthore de petites lumières qui s’affolent. La mort a sonné le glas. L’oracle s’est produit.

Carole Rampal

Du 18 au 22 février
Lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h

Texte : Jean Racine
Mise en scène : Chloé Dabert
Scénographie : Pierre Nouvel
Lumière : Kelig Le Bras
Son : Lucas Lelièvre


Avec :
Yann Boudaud (Agamemnon, roi de Mycènes), Bénédicte Cerutti (Eriphile, amie d’Iphigénie fille de Hélène et de Thésée), Elsa Agnès (Iphigénie, fille d’Agamemnon, fiancée d’Achille), Anne-Lise Heimburger (Clytemnestre, femme d’Agamemnon), Olivier Dupuy (Arcas, domestique d’Agamemnon), Sébastien Eveno (Achille, fiancé d’Iphigénie), Julien Honoré (Ulysse, allié d’Agamemnon), Arthur Verret (Doris, confident d’Ériphile)

T2G – Théâtre de Gennevilliers
41 avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers, Standard 01 41 32 26 10
www.theatre2gennevilliers.com

Navettes retour vers Paris
Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.

 

 

 

 

 

“Fred Radix, la 500e du Siffleur”, à Paris au Palace

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C’était sa 500e représentation. Mais pas d’inquiétude, c’est loin d’être la dernière. Ce gai pinson vole de branche en branche à travers toute la France (voir encadré ci-dessous) et n’a pas son pareil pour investir les scènes.

Sa joie et sa bonne humeur communicantes, Fred Radix les transmet lèvres fermées en « o » d’où s’échappent des chansons les plus populaires Le Pont de la rivière Kwaï, Le Gendarme de Saint-Tropez, Eleanor Rigby (Beatles), Blanche Neige et les Sept nains, génériques d’émission… aux grands classiques.

Juché sur son promontoire qui affiche en grosses lettres « Siffleur », vêtu d’une veste à queue-de-pie, d’un pantalon noir et d’une chemise blanche où il a noué autour de sa gorge un nœud papillon, il consulte entre deux airs son grand livre de partitions de grandes œuvres : Carmen de Bizet, La Marche turque de Mozart, mais aussi Schubert, Chopin,  encore Mozart… D’avant en arrière, il tourne avec rapidité les pages de ce grand registre et, prévient la salle du morceau qu’il vient de choisir d’interpréter. Entouré d’un quatuor à cordes (violons, alto, violoncelle), il fait vibrer la salle qui en redemande.

Entre deux exercices, sans jamais être à bout de souffle, cet artiste multidisciplinaire (comédien-humoriste-musicien) entraîne les spectateurs dans un jeu de questions-réponses sur la musique bien sûr.

La salle le suit aussi jusqu’en forêt, où il imite étonnament des oiseaux avant de rejoindre les boulevards parisiens pour roucouler comme un pigeon.

Sympathique, doué et doté d’un charisme indéniable, Fred Radix séduit durant tout le spectacle, notamment à la finale quand on le découvre sous les traits de Gene Kelly dansant et jouant des claquettes sur l’air de Singing in the rain.

Ce mercredi 13 février, sur les planches du Palace, le public était venu nombreux l’applaudir et en est ressorti enchanté.

Carole Rampal

 

14/02/2019 : Villenave-d’Ornon (33), Le Cube
15/02/2019 : Issoire (63), salle Animatis
16/02/2019 Saint-Thibault-des-Vignes (77), Centre culturel Marc Brinon
19/02/2019 : Montigny-le-Bretonneux (78), salle Jacques Brel
24/02/2019 : Saint-Étienne (42), Festival des Arts burlesques
02/03/2019 : Arlon (BE), Maison de la culture d’Arlon
16/03/2019 : Saint-Laurent-sur-Sèvre (85), salle La Clef des Champs
30/03/2019 : Saint-Renan (29), Espace Musicadoré
05/04/2019 : La Ciotat (13), La Chaudronnerie
06/04/2019 : Saint-Genest-Lerpt (42), salle Pinatel
07/04/2019 Clermont-Ferrand (63) L’Opéra – Théâtre de Clermont-Ferrand
16/04/2019 : Aix les Bains (73), Direction de l’Animation
17/05/2019 : Thônes (74), Espace Cœur des Vallées
20/05/2019 : Cavaillon (84), Festival d’Humour
05/07/2019 : Plessis-Robinson (92), Théâtre Allégria
… et d’autres à venir

 

“Un Poyo Rojo”, au Théâtre Antoine

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Deux mecs… musclés, souples, acrobatiques occupent la scène de leurs frasques. Ces deux-là ont pour seul langage, celui du corps et ils savent être très éloquents.

Là où le combat de coqs – « poyo rojo », coq rouge en français – prend tout son sens, les deux complices excellent à coups de regards, de becs, de bras et de croupes.

Les chorégraphies passent de l’une à l’autre, sans musique, dans un basculement savamment orchestré. Un glissement imperceptible et très souvent humoristique et hop ! cela repart ailleurs, dans une autre ambiance, toujours très sensuelle. Jusqu’à la lutte finale, jusqu’au corps-à-corps.

Peu de pauses pour les deux artistes argentins qui assurent cette performance pendant une heure.

Au-delà de l’exploit physique, impressionnant, ce qui nous touche c’est leur habileté à déclencher nos rires en quelques moulinés ou œillades.

On passe un excellent moment et l’on en ressort joyeux en se disant que parfois les mots sont inutiles pour se faire comprendre…

Plûme

Jusqu’au 30 mai
D
u mercredi au samedi à 19 h
Avec : Alfonso Barón, Luciano Rosso
Chorégraphie : Luciano Rosso et Nicolas Poggi
Mise en scène : Hermès Gaido

Théâtre Antoine
https://www.theatre-antoine.com/
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris

“Un soir chez Victor Hugo”, au Théâtre de La Loge

À deux cents mètres de la rue de Charonne, dans un square parisien, nous assistons à l’arrivée de Victor Hugo en exil à Jersey, qui pourchassé par la police de Louis-Napoléon Bonaparte, est d’une humeur massacrante et ne cesse de vociférer. En costumes d’époque, valise à la main, ses enfants Charles, Adèle et son compagnon, tentent de se frayer un chemin à travers les allées et de le suivre. S’approchant de nous, ils nous invitent à les accompagner à une séance de spiritisme au Théâtre de La Loge.

Là, certains assis dans des canapés, d’autres sur des sièges en fer autour de petites tables qui supportent une bougie incandescente, le tonnerre gronde et les rideaux du salon se tirent devant deux grandes fenêtres. Nous sommes en 1852, à Marine Terrace, la demeure familiale.
Adèle chante en débarrassant la grande table ronde qu’une nappe entièrement blanche et immaculée laisse à comprendre qu’elle sera le lieu de toutes les surprises.
Au-dessus d’elle, les mains rejointes, la famille Hugo démarre une séance de spiritisme.vz-AACBF110-16BC-4D7E-9B8E-7DE2EA0F5291.jpeg

Sourire narquois ou frisson… on se laisse prendre au jeu dès les premières minutes. Et si c’était vrai ? Et si c’était vrai les conversations que ce grand écrivain et homme politique des plus sérieux, admiré de tous, avaient entretenu avec l’au-delà. Quel besoin aurait-il eu de se démarquer sur ce terrain qui a contrario ne pouvait que provoquer raillerie et moquerie ? On s’interroge au cours de la séance en entendant Hugo converser par la voix de son fils Charles, médium, avec Shakespeare, Racine, Chateaubriand… On glisse un sourire amusé quand tour à tour chacun se vante de communiquer dans un langage animalier avec le tigre, l’araignée… On s’émeut quand Hugo « re »communique avec Léopoldine, sa première fille, noyée dix ans plus tôt.

Esprits libres… allez-y. Les plus sceptiques passeront un bon moment et revisiteront des pages d’histoire et de poésie. Les autres seront peut-être tentés à l’issue de ce spectacle déambulatoire de faire bouger les verres.

Carole Rampal

Dernière représentation sur Paris le 12 octobre à 19h00. Mais aussi en mai 2018, au Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues.

Sur une mise en scène de Lucie Berelowitsch
Avec : Claire Bluteau, Vincent Debost, Jonathan Genet, Thibault Lacroix &
Lumières : Kelig Le Bars
Musique : Sylvain Jacques
Administration & production : Agathe Perrault
Diffusion : Geneviève de Vroeg-Bussière
Production : Les 3 sentiers

 

Théâtre de La Loge – 77 rue de Charonne, 75011 Paris.
Tél. : 01 40 09 70 40
http://www.lalogeparis.fr/programmation/1331_un-soir-chez-victor-h.php

 

“L’Avare” au Théâtre Le Ranelagh

Amoureux du théâtre classique avec une sensibilité toute particulière pour Molière, Jean-Philippe Daguerre investit avec 400 représentations par an les théâtres en France et dans le monde.

C’est pour cette rentrée, qui débute du 23 septembre jusqu’au 14 janvier, que le très beau théâtre Le Ranelagh l’accueille cette fois pour L’Avare.

Comme toujours, une orchestration bien huilée avec des comédiens hors pair qui, en costume d’époque, nous font rêver et revisiter les chefs-d’œuvre de Molière.

On reconnaît la touche personnelle de Jean-Philippe Daguerre qui, tout en conservant les lettres de noblesse à ce grand auteur français, apporte sa singularité. Le jeu de certains acteurs aurait peut-être mérité à certains endroits d’être moins souligné. Mais à n’en pas douter : c’est une valeur sûre pour ceux qui aiment les grands classiques et ne supportent pas d’être déçus.

Quant à Didier Lafaye, plus vrai que nature dans la peau de l’Avare, il excelle dans la scène « de la cassette ».

Carole Rampal

 

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Mise en scène Jean-Philippe DAGUERRE, assisté de Philippe ARBEILLE.
Avec Didier LAFAYE, Philippe ARBEILLE ou Olivier GIRARD,
 Pierre BENOIST ou David MALLET, Grégoire BOURBIER, Mariejo BUFFON, Stéphane DAUCH ou Étienne LAUNAY, Bruno DEGRINES, Armance GALPIN, Antoine GUIRAUD ou David FERRARA et Stéphanie WURTZ

Décors & accessoires Simon GLEIZES et Franck VISCARDI – Costumes Catherine LAINART

Du mercredi au samedi à 20 h 45 + samedi à 16 h 30 et dimanche à 17 h.
Relâches les 6, 19, 20 octobre / 10, 17 novembre / 2 et 24 décembre.
Réservation : Le Ranelagh 01 42 88 64 44.
Réservation en ligne www.theatre-ranelagh.com

“Mademoiselle Frankenstein” à La Folie Théâtre

Si vous voulez passer un spécial Halloween, rendez-vous le 31 octobre 2017 ou le 1er novembre (à 20 h 30) à La Folie Théâtre, où se joue « Mademoiselle Frankenstein ». Deux P’tits Molières et un Salamandre d’or couronnent ce spectacle, à voir absolument.

A6 franken recto_automne 2017-1.jpgDes cloches sonnent, le tic-tac d’une pendule intrigue et rythme le temps sans donner l’heure. Des bras d’un homme dépassent d’un fauteuil étrange dos au public. Sur la scène, le reflet d’une fenêtre fermée sous une clarté chaude attire et laisse entendre un orage qui gronde. Il se retourne, les yeux marqués de noir, les cheveux raides, désordonnés, gris, et le corps voûté dans un costume qui l’embellit.
Répondant à une invitation adressée par un certain Lazzaro Spallanzani, « elle » arrive. Ils sont habillés tous deux en noir sous des halos de couleur blanche qui les pointent et semblent les contraster avec le reste du monde. Mais que lui veut-il ? Et pourquoi l’avoir fait venir ? Mary Shelley, jeune bourgeoise britannique, rappelle d’entrer de jeu les règles de bienséance à ce personnage bien étrange. Ses convenances de bonne famille l’hérissent et impatient d’y être déjà, il lui intime : « Livrez-vous pour vous délivrer. » Mais d’être où ? Un voyage hypnotique dans la mémoire du passé et le labyrinthe de la vie les y conduira. Des objets extravagants et effrayants posés sur une longue table faisant office de laboratoire semblaient attendre cet instant. Une légère fumée s’échappe d’une fiole et se dissipe dans la salle.

Envoûtante, diaboliquement orchestrée entre les jeux de lumière et le son, cette version théâtrale de la vie marquée de Mary Shelley – auteure du célèbre roman Frankenstein et veuve du poète Percy Bysshe Shelley – est magnifique. Le duo Christelle Maldague et Frédéric Gray est talentueux. Une pépite qui confirme que dans des petits théâtres, il y a de grands spectacles !

Carole Rampal


http://www.folietheatre.com/

De Thierry Debroux
Mise en scène de Frédéric Gray et Géraldine Clément
Avec Frédéric Gray et Christelle Maldague
Bande son de Hugo Magagnin et Matthieu Dessemme
Décor de NoArt
Affiche de Matéo et Sandrine Terragno

 

Le Sourire d’Audrey Hepburn au Théâtre de l’Œuvre

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crédit photo : Pascal Victor

Lumières blanches, contrastes, cadrage… Audrey Hepburn apparaît photographiée, presque immobile. La tête dans son bras, semi-allongée, elle émerge d’un passé qui la retient encore. Sa gabardine qui l’habille interroge et nous apprend très vite qu’elle a rendez-vous avec son père, qu’elle n’a pas revu depuis trente ans. La guerre (entre autres) les a séparés. Son père s’est engagé dans le nazisme.

L’icône d’Hollywood se redresse, et assise face à la salle, sourit. Son corps se déploie doucement, péniblement, et ne semble pas vouloir sortir du divan dans lequel il est enfoncé et qui recueillera pendant une heure trente ses souvenirs, ses pensées, l’analyse de cette relation avec cet homme et qui a conditionné une partie de sa vie.

Le regard droit, la coiffure haute, Isabelle Carré suspend le temps et s’inflitre avec beaucoup d’élégance dans l’intimité de l’actrice de Diamants sur canapé ou Vacances romaines. Avec beaucoup de sensibilité, elle sublime le texte de Clémence Boulouque tiré de son propre roman Instant de grâce.

Seule en scène, Isabelle Carré nous sourit avec grâce.

Carole Rampal

Avec Isabelle Carré
Mise en scène : Jérôme Kircher
Adapatation : Clémence Boulouque

Du 2 novembre 2016 au 8 janvier 2017
Du mercredi au samedi à 19h – le dimanche à 18h
Théâtre de l’Œuvre
http://www.theatredeloeuvre.com/

 

Exposition : “Sol y sombra”, de Miquel Barceló

De gauche à droite : Atelier avec six taureaux, 1994.© Galerie Bruno Bisc hofberger, Männed orf, Suisse. Grand mur de têtes, 2016. © Véronique Tran Vinh. La suerte de matar, 1990. © Galerie Bruno Bisc hofberger, Männed orf, Suisse.

L’art et la matière

L’exposition nous plonge dans l’univers singulier de l’artiste contemporain, né à Majorque, à travers une centaine de tableaux, dessins, sculptures et céramiques. L’œuvre de ce créateur prolifique et protéiforme est dans la lignée de celle de Picasso. D’où l’évidence de cet hommage rendu dans le musée du génie tutélaire.

Dans la sélection proposée au sous-sol de l’hôtel Salé, on retrouve les thèmes de prédilection et les sources d’inspiration communs aux deux artistes : la tauromachie (une salle comportant des œuvres très belles sur la corrida y est consacrée), le monde méditerranéen ou l’atelier de l’artiste. Miquel Barceló partage aussi avec Pablo Picasso le goût de la recherche expérimentale.

La matière – travaillée ou grossière, triturée, malaxée – est omniprésente dans son travail et lui confère un fort pouvoir d’évocation. Dans ses tableaux, des têtes de poisson semblent flotter à la surface de la toile ; les épaisseurs d’une forme concentrique suggèrent une arène, le cratère d’un volcan ou encore un tourbillon sans fin. Plus étonnant encore, le « grand mur aux têtes », composition en briques, fait penser à un monument sacré, avec des figures étranges jaillissant de l’argile telles des gargouilles ou des divinités inconnues.

Il y a toujours un souffle organique chez Barceló. Ses sculptures donnent à voir des créatures hybrides, comme cette hydre à trois têtes (lui-même ?), qui semble surgie des profondeurs abyssales – la mer n’est jamais très loin avec l’artiste majorquin –, ou ces amphores aux visages gravés en creux, qui paraissent étrangement humaines. Une scénographie intelligente montre en contrepoint quelques œuvres ou photographies choisies dans la collection du maître andalou.

Enfin, cette exposition est l’occasion de redécouvrir l’hôtel Salé, un petit bijou du XVIIe siècle, magnifiquement restauré et réouvert en 2014. Ne manquez pas les sculptures dans le jardin, qui évoquent Giacometti et ses figures filiformes, mais à la manière de Barceló.

Véronique Tran Vinh

Deux lieux et deux expositions 

Aux peintures et céramiques présentées par le musée Picasso fera écho l’œuvre gravé de Barceló à la Bibliothèque nationale de France.

 

Jusqu’au 31 juillet 2016
Musée national Picasso
5, rue de Thorigny
75003 Paris
Tél. : 01 85 56 00 36

Jusqu’au 28 août 2016
BNF François-Mitterrand, Paris 13e
Quai François-Mauriac
75013 Paris

Exposition “Daido Moryiama” à la Fondation Cartier

 

« Peu importe la ville dans laquelle je me trouve, le monde que j’observe autour de moi pendant que je déambule dans les rues me confronte à l’excitation, au mystère, à l’érotisme. » Daido Moryiama

Daido-FR-332x470La première fois que j’ai fait connaissance avec l’œuvre du photographe japonais Daido Moryiama, c’était dans une librairie de Bruxelles, la Librairie des Galeries, où un ami désirait acquérir quelques livres d’art. Je l’attendais assise sur un petit escabeau en bois adossée à la vitrine, feuilletant ça et là, regardant les gens, pendant qu’il tourbillonnait à la recherche de l’émotion. À un moment, il me tend un ouvrage de photos : « Tiens, regarde ça ». J’ouvre le livre et là ce fut comme une porte grande battante devant moi dressée claquant sur l’évidence même, je tombe en amour de ces clichés sauvages, bruts, aux noirs d’encre huileux, aux couleurs tranchées dans des morceaux de vie grouillante, aux sujets montrant une grâce ravagée venus des bas-fonds, aux corps, à la vie, à la nuit, au danger. Clochards, prostituées, chiens errants, enfants des rues, affiches arrachées, lumières crues de bordels et de nuits de beuverie, animaux en cage, ciels sublimes, néons clignotants, ruelles sordides, corps alanguis dans la fatigue de l’amour tarifé, de la tentation des désirs éternels, fleurs majestueuses prises en gros plan étendant leur corolle tels des monstres ou des sexes de femme. Tous ces clichés pris avec le même amour de l’autre, la même attention, le même souffle lyrique, inquiet, désirant, totalement libre.

Une somptueuse scénographie qui est signée Daido Moriyama et pour la Fondation Cartier. Des compositions de grands formats sont accrochées à des cimaises dressées à la façon d’un labyrinthe dans lequel on se perd à la rencontre de tous ces fabuleux personnages… comme si on se trouvait avec eux dans ces ruelles de Shinjuku, quartier tokyoïte hédoniste et délétère. Une autre salle propose un superbe diaporama fait de quatre écrans où sont projetés des sujets cette fois en noir et blanc.

Morceaux bruts de vie, splendeurs visuelles, à ne pas louper.

 

Laurence Balan

Du 6 février-5 juin 2016
Fondation Cartier
261 boulevard Raspail, 75014 Paris
Tél. : 01 42 18 56 50