Yé ! (L’EAU), Circus Baobab à La Scala

Dans les quartiers situés en hauteur de Wanidara, Cosa, Bambéto…, l’eau est une denrée rare et les Guinéens peinent à s’approvisionner.

Sur le sol de la Grande Salle de la Scala, des bouteilles de plastique vides jonchent le sol. Au milieu d’elles, dans un fracas étourdissant, 13 artistes issus du Centre national d’art acrobatique de Guinée illustrent, à travers des tableaux qui se succèdent, ces scènes où chacun court pour sa survie après , « l’eau convoitée ».

Ces jeunes artistes de 18 à 30 ans – grands finalistes de La France a un incroyable talent – évoluent sans filet sous les yeux ébahis des spectateurs : pyramides humaines, corps-à-corps, portés acrobatiques, main à main, contorsions, danse…

Dans un esprit collectif, et l’énergie joyeuse de leur jeunesse, ils invitent le spectateur à s’associer à eux et à pendre conscience de ce problème vital qui touche déjà 700 millions aux quatre coins de la planète.

Jolie performance.

Carole Rampal

La Scala
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Grande salle
Du 3 mai au 10 juin 2023
Du mardi au samedi 21h
Le dimanche à 17 h 

Directeur artistique : Kerfalla Bakala Camara
Metteur en cirque et compositeur : Yann Ecauvre
Intervenant acrobatique : Damien Drouin
Compositeur : Jeremy Manche
Chorégraphe : Nedjma Benchaïb
Costumière : Solène Capmas
Création Lumière : Clément Bonnin
Régisseur général : Christophe Lachèvre
Producteur : Richard Djoudi
Diffusion et Production : Camille Zunino
La troupe de 13 Acrobates – Danseurs : Bangoura Hamidou, Bangoura Momo, Camara Amara Den Wock, Camara Bangaly, Camara Ibrahima Sory, Camara Moussa, Camara Sekou, Keita Aïcha, Sylla Bangaly, Sylla Fode Kaba, Sylla M’Mahawa, Youla Mamadouba, Camara Facinet

Il nous manquait juste la parole, de Sylvie Poiret, au Théâtre Laurette

Crédit photo : Laetitia Heurteau

Alceste et Diane se prélassent au rez-de-chaussée. Enfin… Alceste. Allongé de tout son pelage roux sur le canapé du séjour, concentré sur sa respiration, il ambitionnerait de se détendre si Diane de son éternelle humeur joyeuse se tenait tranquille dans sa niche, à quelques pas de lui.

Au premier étage, Célimène et Freddy, les deux-pattes, se reposent.

Loin de la sieste, les quatre-pattes commencent à s’échauffer.

Diane refuse d’entendre le discours de son voisin vaniteux qui prétend tout savoir et soutient que Freddy est atteint d’une grave maladie. Il détient ses informations d’ « elle » quand, pelotée contre la douceur de sa fourrure réchauffante, elle a pour habitude de se confier uniquement à lui. Son odorat félin lui a aussi confirmé. Il y a des choses qui se sentent. D’instinct.

Diane, convaincue de son flair de fin limier, rétorque. Si tel était le cas, Freddy, son seul maître, lui en aurait déjà parlé quand fidèlement elle l’accompagne à la chasse. Foi d’un épagneul breton.

Quand Alceste voit dans la situation la possibilité de pouvoir occuper la place du mâle dominant dans la maison si Freddy disparaissait, Diane s’indigne. Mais pour l’instant, elle ne rêve que de sa promenade qu’elle attend avec impatience.

Pas facile de cohabiter chaque jour dans la paix et la sérénité quand la perception des évènements et des deux-pattes diffèrent en tous poils.

Des dialogues que Toby-Chien et Kiki-la-Doucette de Colette – faut-il rappeler Dialogues de bêtes (1904) – auraient pu échanger : Alceste et Diane assurent la relève par la plume de Sylvie Poiret qui est aussi la metteure en scène de Il nous manquait juste la parole.

Au Théâtre Laurette, jusqu’au dimanche 26 mars, Margaux Laplace et Julien Mitsinkides, entre miaulements, aboiements et coups de griffes, se donnent la réplique.

Un moment de fraîcheur.

Carole Rampal

Théâtre Laurette
36, rue Bichat, 75010 Paris
Tél. : 09 84 14 12 12

Mise en scène : Sylvie Poiret
Acteurs : Margaux Laplace, Julien Mitsinkides
Musique : Yves Aouizerate
Costume : Manée

Le Dernier Jour d’une condamnée, à La Folie Théâtre

« Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un. C’est une voix qui parle, c’est un esprit qui éclaire, c’est une conscience qui avertit. » Victor Hugo

Cette voix, c’est celle de la condamnée, celle de Betty Pelissou qui a choisi de porter seule le texte de Victor Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné. Avec elle, nous entrons dans le cachot pour y « vivre » les six semaines qui la séparent de la guillotine.

D’elle, nous ne connaissons rien, pas même le crime pour lequel elle a été jugée. De sa cellule, nous ne voyons que les murs sales et une chaise. Un décor simple qui laisse toute la place à la densité du texte et à son interprète, accompagnés par moments de quelques notes de musique.

Betty Pelissou entre dans la Condamnée comme dans une seconde peau. Dès les premiers mots, sa voix nous émeut, brisée par l’horrible idée, la sanglante idée de sa mort sur l’échafaud. Son interprétation est si aboutie qu’elle nous fait sentir la chaleur d’un rayon de soleil quand elle lève la main pour le caresser : « Par l’étroite et haute fenêtre de ma cellule, je vis le reflet jaune où des yeux habitués aux ténèbres d’une prison savent si bien reconnaître le soleil. J’aime le soleil. »

Nous vibrons au diapason de ses rêves, de ses angoisses, de ses émotions tout au long du calvaire qu’elle doit endurer entre ces quatre murs, et c’est bien là la force et l’intensité du jeu de Betty Pelissou.

Sur le papier noirci à longueur de jours et parfois de nuits, Hugo interpelle les consciences, lui qui, enfant, a assisté à une exécution en place de grève. « Que ce que j’écris ici puisse être un jour utile à d’autres, que cela arrête le juge prêt à juger, que cela sauve des malheureux, innocents ou coupables, de l’agonie à laquelle je suis condamnée. »

Dans la petite salle de ce nouveau lieu, en plein XVarrondissement, on retient son souffle au rythme des pas qui mènent la condamnée à la guillotine et on pense qu’il a fallu attendre cent cinquante ans après le texte de Victor Hugo pour qu’enfin la peine de mort soit abolie !

Plûme

La Compagnie Poqueline
Mise en scène et interprétation : Betty Pelissou
Musique : Thomas Déborde
Création lumière : Raphaël Pelissou

Du 5 janvier au 30 avril 2023
Les jeudis et dimanche à 19h
A La Folie Théâtre
6, rue de la Folie-Méricourt –
75011 Paris
Réservations : A La Folie Théâtre et sites de réservations en ligne

Flying Bach aux Folies Bergère

Quand Jean-Sébastien Bach s’incarne dans l’esprit des quadruples champions du monde de breakdance Flying Steps et du directeur d’opéra Christoph Hagel, cela donne naissance à un spectacle intemporel, balayant les codes artistiques convenus.

Culture urbaine et culture classique se rejoignent en pas de danse et multiplient les tempos sous l’étonnement du public médusé par la performance musicale et artistique.

Une chorégraphie moderne et classique qui n’est pas sans rappelé, à certains passages, West Side Story et qui donne le sourire aux lèvres par ses traits d’humour.

Un spectacle qui décoiffe où si quelques personnes sont sortis de la salle, bien d’autres se sont levés à la fin du spectacle pour l’acclamer.

C’était hier aux Folies Bergère, à une date unique.

La compagnie allemande, fondée en 1993 par Vartan Bassil et Kadir « Amigo » Memis, qui a déjà tourné dans plus de 35 pays à travers le monde, ne s’arrête jamais et est déjà repartie pour de nouvelles aventures.

Nous attendons déjà leur retour pour un nouveau spectacle en France.

Carole Rampal

Folies Bergère
https://www.foliesbergere.com/fr
32 rue Richer, 75009 Paris
Téléphone : 01 44 79 98 60


Le Horla de Maupassant à la Folie Théâtre

Du noir absolu apparaît, dans un cadre de tableau que contient un autre cadre plus petit, un homme à l’allure imposante, aux cheveux plaqués en arrière, au regard droit et vif qu’abritent des sourcils broussailleux. Sa barbe, sa moustache, sa tenue nous rappellent celles des maîtres de la seconde moitié du XIXe siècle.

Trois autres cadres évidés, également suspendus par des fils invisibles, interrogent le spectateur par leur présence.

Guillaume Blanchard, le narrateur et le protagoniste du conte, s’exprime au présent et nous raconte avec enthousiasme le défilé de navires glissant sur la Seine qu’il observe de son jardin normand. L’odeur des prémices du printemps l’exalte et les rosiers qui s’ épanouissent l’enchantent. Nous sommes le 8 mai.

Mais la vivacité de sa nature emballée laisse vite place à l’inquiétude : il se sent malade. Des douches et du bromure de sodium lui sont prescrits par son médecin. En vain. Son état s’empire au fil des jours, des semaines et l’angoisse le saisit : une présence invisible habite ses nuits, s’agenouille sur sa poitrine, marche sur ses talons, respire derrière lui, engloutit l’eau et le lait des verres posés sur la table de sa chambre qu’il a pris soin de remplir. Aspire sa vie !

Une excursion pour visiter le mont Saint-Michel et un séjour à Paris, en juillet, ne lui rendront pas la santé espérée. Il gardera en mémoire de son premier voyage le récit d’une légende locale relatée par un moine de l’abbaye qui l’interroge : « Est-ce que nous voyons la cent millième partie de ce qui existe ? » Et de la capitale, le souvenir frappant d’une séance d’hypnose sur sa cousine.

Le personnage plonge dans la terreur et la salle aussi. Guillaume Blanchard, dans un rythme haletant, possède la scène durant une heure vingt et entraîne le spectateur aux confins de cet univers fantastique cauchemardesque. Jolie performance.

L’adaptation personnelle du Horla par Frédéric Gray, dans une scénographie originale et subtile (les objets semblent flotter, les yeux d’une étrange créature percent l’espace …), rend fidèlement l’histoire de Maupassant.

Sous les traits de trois personnages* qui donnent la réplique à Guillaume Blanchard, on reconnaît les traits du metteur en scène.

Carole Rampal

  • Olivier Troyon (absent ce jour-là) interprète également tous les rôles secondaires en alternance avec Frédéric Gray, et est assistant dans la mise en scène.

Jusqu’au 29 janvier 2023.
Le jeudi à 19h30, samedi à 18h et dimanche à 16h30

A La Folie Théâtre : 6, rue de la Folie-Méricourt, 75011 Paris
Renseignements et / ou réservation : 01 43 55 14 80

Une Odyssée amazonienne de Daniel Schweizer

Daniel Schweizer nous emporte avec lui dans ses bagages pour rendre visite aux derniers Indiens d’Amazonie encore libres en Guyane, au Surinam et au Brésil.

Dans un style littéraire, aussi agréable et intimiste qu’un roman, il partage avec nous, ses émotions, ses lectures, ses goûts musicaux, ses pensées… les rencontres qu’il entretient depuis plus de vingt ans avec les Indiens wayana, les Yanomami, les Kayapo et qu’il consigne dans un carnet, illustré avec des collages photographiques.

Il dépeint avec son regard de cinéaste les paysages traversés par le Maroni ou le Tempoc, fleuves poissonneux et lieux de baignades, zoome sur les villages, les carbets, les lueurs de la nuit, la rosée du matin.

Il brosse des portraits haut en couleurs de ces femmes, hommes et enfants qui vivent dans ces forêts épaisses sans horizontalité où l’animal surprend l’étranger quand il surgit de nulle part.

Il y décrit avec la précision de son métier d’anthropologue les conditions de vie incroyables des autochtones en 2022, qui sans électricité, ni technologie moderne, marient la réalité ordinaire du quotidien et la réalité du monde des esprits, continuent de tisser des relations entre l’univers et les hommes.

Une vision du monde qu’ils livrent très généreusement à celui qui a su gagner au fil du temps leur confiance et leur amitié : « La terre est comme un père car elle nous donne à manger et l’eau comme une mère car elle nous donne à boire. »

Une amitié solide et profonde dont ils ont besoin pour porter leurs paroles, au-delà des mers, dans le monde occidental, quand le gouvernement brésilien regarde ailleurs : rivières et forêts sont dévastées par l’activité aurifère des orpailleurs. Le mercure déversé dans l’eau contamine la population qui se voit, menacée et tuée pour vouloir résister à l’envahissement de leur terre. Une situation qui s’aggrave depuis les crises économiques de 2008 et 2011 qui ont fait exploser la demande en or.

Un état de non-droit installé entre le Brésil, le Surinam et la Guyane depuis des années que dénonce énergiquement et modestement Daniel Schweizer : « Je n’ai pas de grandes théories, je ne suis pas militant, mais juste un homme engagé qui sait que les images et les films ne peuvent pas changer le monde, mais peut-être aussi toucher et transformer le regard de certains spectateurs. »

… et des lecteurs aussi. C’est ce qu’il nous offre à lire dans Une Odyssée amazonienne. Editions Favre : www.editionsfavre.com

Carole Rampal

Pour informations
Daniel Schweizer a rédigé une vingtaine de courts et longs métrages récompensés dans de nombreux festivals internationaux. En 2009, il a gagné le Grand Prix du Festival international des films sur les droits humains (FIFDH).
Il est aussi connu pour ses films documentaires engagés, primés et diffusés sur les principales chaînes de télévisions européennes, notamment ARTE et la RTS.

Médium et terre à terre, De l’ombre à la lumière de Caryl Cantin

Quand la sonnette de ma porte d’entrée a retenti, j’attendais le coursier venu m’apporter deux livres à chroniquer.

En ouvrant le pli, ma surprise a été grande quand j’ai sorti de la grosse enveloppe Médium et terre à terre, De l’Ombre à la lumière de Caryl Cantin.

J’ai déposé le livre sur une table et ai envoyé un mail à l’attachée de presse pour lui signifier l’erreur quant à l’envoi.

Quelques jours plus tard, le visage sympathique de Caryl Cantin que mes yeux scannaient sur la couverture me donna envie de saisir l’ouvrage. Dans un simple désir de feuilleter les pages, mon attention s’est attardée sur un paragraphe, puis un autre, puis… mes doigts ont tourné la dernière page.

Certains pourraient y voir un signe. Je souris à cette idée mais allons savoir.

Rien ne prédestinait Caryl Cantin à devenir médium, à donner des cours et non plus à créer des démonstrations publiques, suivies par plus de 400 personnes : son métier de polymécanicien le dirigeait sur une tout autre voie.

Son désir de partager son expérience l’a amené aujourd’hui à la rédaction de ce livre. Dans une écriture simple et sans prétention, il livre son parcours de vie, ses doutes, les étapes et les expériences qui l’ont conduit à devenir médium.

Il y détaille comment méditer pour s’enraciner de la tête aux pieds, comment ressentir son guide, comment se connecter avec lui ou avec un défunt (ce qui n’est pas pareil), comment ne plus subir sa sensibilité… car nous sommes histoire d’énergie, explique-t-il. Et tout le monde est en capacité de devenir médium.

« Être un médium ne veut pas dire que l’on est quelqu’un de spirituel, il faut prendre conscience que la médiumnité est une capacité alors que la spiritualité est un chemin », ajoute-t-il.

Une vision à la fois personnelle et partagée par beaucoup.

Si vous avez envie de creuser le sujet, Médium et terre à terre, De l’ombre à la lumière vous y invite. Et vous trouverez des méthodes pour vous connecter à vous-même, votre guide, et aux défunts.

Que vous soyez « aligné(e) » ou non.

Carole Rampal

Médium et terre à terre
De l’ombre à la lumière
Éditions Favre
http://www.editionsfavre.com

Voyage à la mer, A La Folie Théâtre

Conte pour les enfants de 1 à 5 ans
Durée : 30 minutes

Chut ! La pièce commence. Les grands de quatre-cinq ans cessent de parler. Les plus petits s’agitent encore mais plus pour longtemps.

Martha, vêtue d’un tee-shirt rayé bleu et blanc, d’une salopette et d’un foulard noué autour du cou, entre en scène. Elle dialogue avec sa maman qui, d’un phare en placoplâtre, sort sa tête de marionnette.

Est-ce le bon moment pour partir ? Le vent souffle encore. Pas question de retarder le projet. Martha et son chien, Sardine, sont bien d’accord : par ce temps, la pêche n’en sera que meilleure. Un grand soleil en carton apparaît du ciel comme pour les rassurer. D’ailleurs, tous les deux ont l’habitude et ont le pied marin.

Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres et c’est sans savoir l’expédition merveilleuse qui les attend, qu’ils se mettent en chemin. En présage, ils ont rencontré dans le jardin la coccinelle. En sortant de la forêt qui les conduit à bon port, l’oiseau volète et semble leur souhaiter bon voyage et le lapin leur donne bien le bonjour.

Allez « hissez haut », « hissez haut » encourage la salle pour tirer les voiles.
Tout le monde embarque : Martha, Sardine, les tout-petits, les plus grands, les papas, les mamans, les papis, les mamies.

Place à la féerie du voyage pendant une demi-heure. La salle déjà enthousiaste par la chanson du lapin, de la coccinelle… ou J’ai descendu dans mon jardin que tout le monde a bien reconnue, attend avec impatience la traversée. Les yeux exorbités et tout ouverts, chacun suit les étapes, captivé.

Apolline, 18 mois, montre du doigt la petite sirène qui surgit lumineuse du noir, et fatiguée, vient se reposer dans le bateau.
Louis, 4 ans et demi, avertit Martha que c’est la pieuvre qui chatouille ses cheveux. Il scrute, quelques minutes plus tard, le navire des pirates qui ont dérobé le pain et une chaussette trouée.
Toute la salle est ébahie quand les poissons fluorescents nagent dans les eaux. Les ombres chinoises enchantent petits et grands qui se laissent submerger par la poésie du spectacle.

Comédiennes, marionnettes, continuent d’agrémenter le voyage en croisant l’hippocampe, mais aussi le poisson et la mouette qui parlent…

Bientôt se termine l’aventure pour les plus petits qui commencent à vouloir débarquer.

Petits moussaillons… venez nombreux   et très vite… le spectacle finit le 27 novembre 2022 et a lieu le samedi et le dimanche à 17h15.

Carole Rampal

Spectacle de Maritoni Reyes
Mise en scène : Maritoni Reyes
Avec : Diana Siru, Maritoni Reyes, Pauline Loriferne et Christelle Korichi

A la Folie Théâtre
Salle : Petite Folie
6, rue de la Folie Méricourt – 75011 Paris
Renseignements et / ou réservations :   Tél. : 01 43 55 14 80

Les Femmes de Lorca à la Folie Théâtre

Une plongée littéralement immersive dans l’univers de Federico Garcia Lorca où le spectateur est transporté, au début du XXe siècle, en Espagne. Les deux comédiennes jouent dans la langue du dramaturge, pendant que sur le mur, des surtitres en français traduisent la poésie de cet artiste à la sensibilité à fleur de peau.

S’agitant autour d’une tombe, dissimulées derrière des masques, ou oubliées par la présence de marionnettes qu’elles actionnent, Diana Siru et Maritoni Reyes nous racontent la vie de ces femmes blessées dans leur chair, dépossédées d’elles-mêmes, face à la mort, l’amour, la maternité… soumises aux moeurs et à une religion qui ne laissaient pas de place à la liberté et au désir.

À partir de textes de plusieurs pièces de Lorca, elles expriment avec force et passion la combativité ou la résignation de ces générations que la mémoire n’a pas oubliées. Elles se glissent alors dans la peau de la commère, de la pleureuse, de la mère, de la fille, de l’amante, chantent, pleurent, crient, chuchotent, ou se meurent sur la place d’un petit village que chacun imagine.

La scénographie s’inspire de la tradition folklorique andalouse et étonne dans les détails, l’ingéniosité et la créativité qu’elle donne à voir.

Une jolie pièce comme la Petite Salle de la Folie Théâtre sait offrir en spectacle..

Carole Rampal

Texte de pièces de Federico Garcia Lorca

Mise en scène : Diana Siru
Avec : Diana Siru et Maritoni Reyes
Costumes : Sonia Alcaraz
Lumières : Mathias Bauret
Scénographie : Marta Pasquetti
Musique : Isaas Armas
Marionnettes, masques et retablillo : Matha Romero

Jusqu’au 22 décembre 2022
Les jeudis et dimanches à 19h

A La Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
http://www.folietheatre.com/

Jacques De Bascher, au Théâtre de la Contrescarpe

Photos : Fabienne Rappeneau

« Quel est ce bel inconnu qui pose sur l’affiche ? » Un homme dont la seule ambition consiste à exister à travers le regard de l’autre à tout prix et jouir de la vie. Son nom ? Jacques de Bascher. Pour certains « le diable de Paris ».

Ce dandy aux costumes flamboyants saura séduire les grands maîtres de la Haute Couture. Il sera le compagnon de Karl Lagerfeld, l’amant de Yves Saint-Laurent et de beaucoup d’autres moins ou pas connus qu’il rencontre au cours de soirées mondaines où sexe, alcool et cocaïne dans un cocktail molotov le consumeront jusqu’à sa perte.

Nous sommes en 1984 et Jacques de Bascher vient d’ apprendre qu’il est atteint du Sida. Il est alors âgé seulement de 33 ans. L’incompréhension de l’évènement cède à l’angoisse puis à un état de révolte que le bambocheur ne maîtrise pas quand ses coups de fils intempestifs à Karl Lagerfeld, absorbé alors par son travail, restent souvent sans réponse. Une question le taraude : que retiendra-t-on de lui ? Pas grand-chose… si Gabriel Marc, intrigué par l’élégance de cette silhouette à côté de personnalités connues, n’avait pas découvert en fouillant dans des articles de presse qui il était.

Pour l’heure, la maladie le ronge, et il décide de s’enfermer lui-même dans son appartement, loin du Tout-Paris qui le délaisse, et où il enregistre des cassettes à l’attention de Karl Lagerfeld dans l’espoir qu’il les écoutera. À travers les mois, il s’enfonce dans une spirale de détresse, loin des paillettes et du Grand Monde. Il trouvera la mort en 1989.

C’est avec brio que Gabriel Marc donne chair à ce personnage. À l’écart des critiques virulentes envers Jacques de Bascher qui le résument à un être pervers, perfide et comme un imposteur, il tente de le faire découvrir sous un autre visage, sous d’autres aspects, et réussit à le rendre humain et attachant à travers ses épreuves.

La mise en scène est bien orchestrée et le changement de costumes portés par le comédien crée la surprise à chaque fois.

Seul tout petit bémol, dans une subjectivité qui m’est propre : certaines scènes liées à sa sexualité, même si joliment interprétées, n’apportent pas grand-chose et je n’en suis pas fan.

Carole Rampal

Distribution :
Auteur et interprète : Gabriel Marc.
Mise en scène : Guila Braoudé.
Assistante mise en scène : Cécile Coves.
Création lumière : Jérôme Peyrebrune.
Chorégraphe : Julien Mercier.
Décor : Erwan Rio.

Théâtre de la Contrescarpe
5 rue Blainville, 75005 Paris
https://www.theatredelacontrescarpe.fr/

Toxique, à la Folie Théâtre

Maintenue dans un imper beige resserré à la taille, elle balaie d’un regard franc les rangées de sièges quand je l’aperçois après m’être assise. « Tiens, elle pourrait être Sagan », je constate, amusée.

J’attends toujours l’arrivée de la comédienne et le début de la représentation.

La salle est plongée dans le noir. La femme au pardessus réapparaît sous le halo d’une lumière jaune. Toujours debout, au même endroit, elle fait face aux spectateurs.

Mais oui, c’est bien elle, Sagan !

Belle entrée.

Derrière elle, un lit à barreaux en fer forgé dont la peinture qui s’écaille jure avec les draps blancs dont il est revêtu, et rappelle ceux des hôpitaux des années 60. Le téléphone imposant et noir à cadran à côté de la table de chevet aussi.

J’observe la comédienne évoluer entre la fenêtre, la porte de sa chambre, et le lit sur lequel elle se jette à certains moments de tout son corps allongé, ventre ou dos face au matelas : ses gestes chaloupés, sa frange révoltée même si brune et non blonde, sa désinvolture affichée mêlée d’une angoisse cachée me laissent bien voir l’auteure de Bonjour Tristesse.

Elle explique à la salle la raison de sa présence ici à la clinique.

Le 13 avril 1957, elle roule, selon son habitude, à vive allure au bord de sa voiture de sport, une Aston Martin, en compagnie de Bernard Frank, Voldemar Lestienne et Véronique Campion, en direction de Milly-la-Forêt. Un virage mal abordé et quelques embardés conduiront la voiture quelques centaines de mètres plus loin sur le bas-côté avant de finir en tonneaux.

Ses amis, éjectés du véhicule quelques secondes avant, en sortiront avec quelques blessures tandis que Françoise, qui a perdu connaissance, est coincée sous la tôle froissée par l’accident, certains la croyant déjà morte. Elle en sortira vivante mais la joie de sa course effrénée sera au prix de multiples fractures. Seul le palfium, un dérivé de la morphine, la soulage. Son addiction envers le produit la conduit pour une cure de désintoxication en clinique où elle séjourne maintenant.

En se parlant à elle-même, elle consigne jour après jour, ses états d’âme, dans un journal qu’elle rédige et que je découvre,Toxique.

Je revis mes 20 ans quand elle fait lecture d’écrivains que nous aimons en commun : Guillaume Apollinaire, Balzac, Rimbaud, Prévert, les autres et Sartre.

Les romans, une bouée de sauvetage à laquelle elle s’accroche désespérément pour échapper à la dépendance de la drogue. Des auteurs qui l’inspirent et la poussent à écrire encore et encore.

Le dernier jour de la cure arrive. Habillée dans sa fameuse marinière et son blue-jean trop court que tout le monde lui connaît, elle s’apprête à retrouver sa liberté tant aimée.

Le noir retombe.

Le halo jaune inonde la pièce.

Christine Culerier sort de Sagan sous les applaudissements du public.

Carole Rampal

Mise en scène : Cécile Camp
Avec : Christine Culerier
Création lumières : Dominique Fortin
Scénographie : Eric Den Hartog
Musique : Victor Paimblanc
Adaptation : Michelle Ruivo

A la Folie Théâtre
Jusqu’au jeudi 29 décembre 2022
Les jeudis à 21h
6, rue de la Folie Méricourt – 75011 Paris
Renseignements et / ou réservations : Tél.: 01 43 55 14 80

http://www.folietheatre.com/

Toutes les femmes sauf une, au Théâtre La Flèche

Donner vie à une petite fille Adèle quand soi-même Marie s’est accouchée d’elle-même par les mots, les livres. Compliqué…

Alors par où commencer quand les murs froids de la maternité glacent le sang de la femme qui accouche, et n’ont pas d’oreille. Par où commencer quand sa propre mère n’a pas su s’aimer, ni aimer sa propre fille devenue depuis quelques heures mère à son tour. Par où commencer quand sa propre grand-mère n’a pas su aimer sa propre mère.

Une trajectoire difficile que Marie va vouloir détourner pour offrir à Adèle une issue pour échapper à un destin qui n’est pas prédéfini quand les mots sont capables de révolutionner la vie, de la métamorphoser et lui donner âme.

A peine née, Marie penchée sur le berceau d’Adèle va lui raconter son enfance, son adolescence, ses déboires. À travers ses récits, elle lui démontrera par là même sa force de vie, sa capacité à s’émouvoir, à s’aimer à travers ses peurs, ses doutes, ses colères, et à l’aimer, elle, sa fille, Adèle. Peu importe que d’autres doutent d’elle, voire la jugent parce qu’en premier devoir, elle n’aurait pas donné le sein.

L’instinct de vie, du dépassement de soi-même transcendent quand on sait s’écouter et ouvrir son coeur.

C’est avec beaucoup de sensibilité et de vulnérabilité que Florence Le Corre entre dans la peau de Marie. Seule en scène pendant plus d’une heure, elle porte haut le roman de Toutes les femmes sauf une qui a reçu le Prix de la révélation de la SGDL et également le Prix du journal Le Monde.

Une adaptation réussie.

La scénographie très épurée va droit à l’essentiel : seuls des néons de couleur lumineux occupent l’espace et donnent formes et mouvements aux objets et sentiments.

Toutes les femmes sauf une c’est la question de l’héritage matriarcal transmis de mère en fille qui concerne toutes les femmes devenues mères à leur tour.

Carole Rampal

Théâtre la Flèche
Jusqu’au 8 décembre.
Les jeudis à 21h

77 rue de Charonne – 75011 Paris
01 40 09 70 40

Autrice : Marie Pourchet aux éditions Fayard
Adaptation et interprétation  : Florence Le Corre
Mise en scène : Mickaël Délis
Scénographie :Vincent Blot
Lumières : Alexandre Dujardin

Zola, l’Infréquentable, au Théâtre de la Contrescarpe

1895. Alponse Daudet, atteint d’une maladie grave, se repose dans sa chambre où il tente avec courage de réunir ses forces. Son ami Émile Zola est venu lui rendre visite et le soutenir. Il croise alors son fils, Léon, également écrivain et chroniqueur au Figaro comme son père. S’engage une conversation entre l’auteur des Rougont-Macquart et l’homme politique, converti au monarchisme et antidreyfusard. Si Zola voue une solide estime à Alphonse malgré sa divergence sur l’affaire Dreyfus, il en est tout autrement envers Léon pour lequel il ne voit en lui qu’un piètre écrivain, et un député méprisable.

Les deux hommes n’ont de cesse de s’affronter. Ils s’égratignent sur tous les sujets tant personnels que publics. Léon, vexé, ne s’inquiète pas pour autant, et se sent soutenu par ses amis politique et la presse. Il continue de railler Zola, qui, pour lui ne se sert de cette affaire que pour attirer la lumière à lui.

Zola, loin de la bassesse de Léon, ne s’émeut pas de cette invective à son encontre mais sa colère enfle face aux arguments fallacieux dirigés contre le capitaine, accusé de trahison envers l’État et qui sera condamné à perpétuité au bagne de Cayenne.

Les rapports entre les deux journalistes se corsent davantage. Ils continuent cependant de se côtoyer. Léon demande à Zola, au nom de sa mère, de prononcer l’éloge funèbre de son père qui accepte.
Devenu infréquentable par la pensée dominante de l’époque, Zola continue cependant son combat, et le 13 janvier 1898, le journal L’Aurore publie le fameux article J’accuse. Zola cherche à interpeler le président de la République et demande révision du procès. Ce qui lui vaudra un procès pour diffamation. Poussé par ses amis, il se voit contraint de s’exiler à Londres. Il reviendra quelques mois plus tard en France. En 1902, il mourra en pleine nuit, dans des circonstances étranges liées aux combustions de sa cheminée.
Léon apprend la nouvelle avec beaucoup d’intérêt mais très froidement.

Durant 1h15, dans un face-à-face détonant, Émile Zola sous les traits de Pierre Azéma, et Bruno Paviot de Léon Daudet, vont se confronter dès la première minute dans une joute verbale incisive et littéraire de haute volée.

C’est avec force qu’ils incarnent, chacun sous leur chapeau haut de forme de la fin du XIXe siècle, ces deux personnages qui se donneront avec beaucoup d’humour et de gravité leur perception des évènements.

Zola l’Infréquentable, écrit et mis en scène par Didier Caron, remet en scène une des plus grandes affaires de tous les temps, sous un angle inédit mais véridique. Un éclairage aussi sur le XXIe siècle qu’a voulu apporter le metteur en scène de Fausse note (chroniqué par DMPVD : https://cutt.ly/yNmEN7n).

Un moment de l’Histoire à aller voir sur scène.

Carole Rampal

Théâtre de la Contrescarpe
Jusqu’au 13 janvier 2023
5, rue Blainville, 75005 Paris
Du mercredi au vendredi à 21h.
Les samedis à 20h30 et les dimanches à 16h30. 

Relâches les 24 et 25 décembre.

Texte et mise en scène : Didier CARON
Distribution : Pierre AZÉMA et Bruno PAVIOT
Créateur lumières : Denis SCHLEPP
Costumes : Mélisande de SERRES
Scénographe : Capucine GROU-RADENEZ
Perruques : Vincenzo FERRANTE

Le Comble de la Vanité au Théâtre de la Pépinière

Une sœur, deux frères (et une belle-sœur) arrivent à tour de rôle dans la maison familiale où le père, un homme politique, vient de décéder.

L’arrivée de chacun ne marque pas des retrouvailles chaleureuses pour autant. Les différences de tempérament, de perceptions sur la vie et les discordes qu’elles génèrent reprennent le dessus comme « au bon vieux temps ». La mère se repose dans sa chambre ce qui donne l’occasion à la fratrie de libérer d’autant plus la parole et de se chamailler. Barbara et Jean-Baptiste, le fils aîné et sa femme, s’égratignent aussi copieusement sous l’oeil attentif et plein de tendresse de Bruno envers sa belle-sœur. Pendant ce temps, Caro veille à régler ses appareils auditifs pour ne rien perdre de la conversation.

La découverte du testament dans le tiroir du salon polarise l’attention des quatre, crée la stupeur, et soulève bien des questions.

La mère fait son apparition au salon. Tout le monde l’entoure avec bienveillance et tente de la soutenir dans cette épreuve, surtout au vu de ce que les enfants viennent de découvrir.

Mais la vérité n’est pas là où on croit et dépasse la fiction… quand la mère, plus tard, descend des combles avec un certain « Bernard », un crâne qu’elle vénère.

Plaisanteries macabres, humour noir, suspens, rebondissements tiennent en haleine jusqu’à la dernière minute les spectateurs.

La joyeuse troupe – Virginie Pradal, Mikaël Chrinian, Julie Farenc, Cécile Reboah, David Talbot – nous entraîne avec eux dans cette comédie tambour battant, écrite par Valérie Fayolle.

L’originalité des décors apporte un piment supplémentaire à la mise en scène signée Ludivine de Chastenet.

Carole Rampal

Jusqu’au 30 décembre 2022
Du mardi au samedi à 19h ou 21h selon les jours, le dimanche à 15h
Théâtre de la Pépinière

7, rue Louis le Grand
75002 Paris
Tél. :  01 42 61 44 16
Distribution : Virginie Pradal, Mikaël Chrinian, Julie Farenc, Cécile Reboah, David Talbot
Mise en scène : Ludivine de Chastenet
Lumière : François Leneveu
Costumes : Isabelle Mathieu
Assistante à la mise en scène : Sabrina Paul
Scénographe : Emmanuel Charles
Musique : Pierre-Antoine Durand

Agnès Jaoui dans mon salon, au Théâtre de l’Atelier

Avec Agnès Jaoui, l’ensemble Canto Allegre et l’orchestre Carabanchel

Pour le concert “Dans mon salon”, Agnès Jaoui a réuni une bande d’amis éclectique, joyeuse et bigarrée, tous brillants musiciens, qui interprètent des morceaux choisis, classiques ou contemporains, tristes ou gais, tirés des répertoires baroques, romantiques ou inspirés des rythmes chaloupés de l’Amérique latine.

D’un côté l’orchestre Carabanchel, rompu aux sons latinos, qui détourne boléros, mambos ou tangos façon rap ou leur donne des accents free jazz très actuels.

De l’autre, la “bande à Jaoui”, l’ensemble vocal Canto Allegre, qui donne la part belle à un répertoire exaltant les œuvres mystiques d’Haendel, Bach ou Purcell. L’émotion est au rendez-vous, même si le mélange des genres surprend. Agnès Jaoui donne le la, entraînant les chanteurs dans des danses improvisées, restituant l’ambiance un peu foutraque des soirées privées entre amis qui ont présidé à la création du spectacle. Invité à entrer dans la danse, le public en redemande et entonne avec enthousiasme les “tubes” divers de Bizet ou Claude François… histoire de conclure joyeusement ce concert qui avait débuté par l’injonction tragique de Bach, “Préparons-nous à mourir” !

Florence Violet 

Théâtre de l’Atelier
Les 16 et 17 octobre à 19h30 et en tournée
1, place Charles Dullin, 75018 Paris

LA TOURNÉE 22/23
10/11/2022 Palais du Littoral – Grande-Synthe
25/11/2022 Théâtre Juliobona – Lillebonne
15/12/2022 Centre Culturel Jacques Duhamel – Vitré
13/01/2023 Espace Saint-Exupéry – Franconville
21/01/2023 La Rotonde – Thaon-les-Vosges
01/03/2023 Anthéa – Antibes
12/03/2023 Théâtre des Bergeries – Noisy-le-Sec
17/03/2023 Théâtre de Privas, scène conventionnée art en territoire – Privas
27/05/2023 Théâtre Municipal – Fontainebleau