Deux avis valent mieux qu’un, Isabelle Lévy et Véronique Tran Vinh se sont rendues respectivement voir Opus 2. Regards croisés.
Chroniqué par Véronique Tran Vinh
Les Laurel et Hardy de la musique
Créé en 2002, à Paris, par Agnès Boury, le premier Duel a connu un succès international. Duel, opus 2, créé au Festival d’Avignon en 2009, reprend le thème de la rivalité supposée entre deux musiciens virtuoses (un pianiste et un violoncelliste) avec le même brio.
Ces deux-là sont des Laurel et Hardy en puissance ! Paul Staïcu, le pianiste, plutôt petit et fluet, Laurent Cirade, le violoncelliste, grand et d’allure robuste. À eux deux, ils font la paire. Ça démarre doucement, puis les numéros s’enchaînent à un rythme effréné et avec un humour croissant.
Chacun essaie d’attirer la lumière sur soi (au propre comme au figuré), ce qui donne lieu à des scènes cocasses, à des duels musicaux insensés, d’une grande virtuosité. Ils s’emparent du répertoire musical et le réorchestrent à leur façon. Classique, variétés, jazz, rock, et même le Velvet Underground : ils abordent tous les styles, avec une inventivité sans cesse renouvelée. Leurs instruments : un piano et un violoncelle bien sûr, mais aussi un fil de pêche, une scie… tout est prétexte à musique et à rire.
Absurde et poésie
Quant aux accessoires, ils sont aussi incongrus que le reste : le violoncelliste bataille avec le pied de son violoncelle, puis avec une chaise longue récalcitrante, qui finira sous les fesses de son comparse au piano.
Les deux compères nous embarquent dans des scènes dignes des meilleures comédies burlesques américaines, dans lesquelles l’absurde côtoie la poésie. Ainsi, Laurent le violoncelliste tombe amoureux de son instrument qui s’est personnifié en femme ; Paul le pianiste invente une berceuse pour un bébé violoncelle pleurnicheur ; Laurent, à son tour, fait danser une ballerine sur un fil (hommage à Charlie Chaplin et à ses petits pains dansants), et ainsi de suite.
Laurent Cirade utilise brillamment son talent pour le chant et le mime, livrant une composition savoureuse en crooner déjanté et retors, tandis que Paul Staïcu joue avec brio le faux naïf, victime des mauvais tours de son comparse. Ils forment un duo irrésistible de loufoquerie, qui communique dans un langage incompréhensible mêlé de grognements et d’une sorte d’esperanto.
Un spectacle pour rire et pour tout public !
Chroniqué par Isabelle Lévy
Lorsqu’un pianiste talentueux (Paul Staïcu) provoque en duel musical un violoncelliste talentueux (Laurent Cirade)… la salle exulte.
Archet contre clavier, ces deux concertistes classiques virtuoses se livrent un combat sans merci depuis 2001, date de leur premier Duel Opus, qui les a menés dans tous les pays du monde pendant huit ans. Ils reviennent aujourd’hui au Palais Royal avec un nouveau spectacle désopilant : Duel Opus 2, mis en scène par Agnès Boury.
Piano contre violoncelle, scie musicale contre fil de pêche, tambourin contre crécelle… Pour notre plus grand bonheur, ils revisitent avec brio de nombreux morceaux de musique : classique, jazz, blues, Ennio Morricone, Bee Gees, Lou Reed… et tout le public rit de leurs gags comme de leurs délires tout aussi surprenants que les situations déjantées dans lesquelles ils se retrouvent. Et les spectateurs en redemandent : Encore ! Encore ! Encore !
Paul Staïcu et Laurent Cirade, autant irrésistibles qu’excellentissimes, nous offrent un spectacle de pur bonheur à l’imaginaire débordant de fantaisie. À voir et à entendre sans modération.
Jusqu’au 15 avril 2016
Théâtre du Palais-Royal,
38 rue de Montpensier, 75001 Paris.
Tél. 01 42 97 40 00
Du mercredi au samedi à 19h
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